Marie Paradis (1778-1839) était une habitante de Chamonix. Connue pour avoir été la première femme au sommet du mont Blanc le 14 juillet 1808, en 1809 pour d’autres ou en 1811, si l’on s’en tient au témoignage d’Alexandre Dumas qui le tient directement de Marie Paradis elle-même et du guide Payot qui était dans l’équipée.
La vieille Chamoniarde racontait son ascension avec une franchise exemplaire : « J’étais à mon travail lorsque des guides, sous la conduite de Jacques Balmat, vinrent me dire : « Marie, tu es bonne fille qui a besoin de gagner ; viens avec nous, nous te mènerons à la cime et ensuite les étrangers voudront te voir et te donneront des étrennes ».
Cela me décida, dit Marie Paradis, et je partis avec eux. Au Grand Plateau, je ne pouvais plus aller …. j’étais bien malade … je me couchais sur la neige. Je soufflais comme les poules qui ont trop chaud. On me donna le bras des deux côtés, on me tira ; mais aux Rochers Rouges, plus moyen d’avancer, et je leur dis « Ficha mé din una crevasse et alla ô vo vodra – Il faut que tu ailles au bout » me répondirent les guides. Ils me prennent, me tirent, me poussent, me portent et enfin nous sommes arrivés.
– Et qu’est-ce que vous avez vu là-haut ? …[ ]…
– Sur la cime, je n’y voyais plus clair, je ne pouvais plus ni souffler ni parler ; c’était bien blanc, là où j’étais, et bien noir là-bas où ce qu’on regardait »
Gaston Rebuffat, Mont Blanc, jardin féerique, Editions Denoel, 1987
Extrait du « Gout du mont Blanc »
Mercure de France, textes choisis et présentés par Stéphane Baumont
Portrait issu de la fresque de a. FRESCO visible dans son ensemble à Chamonix :