Claude Kogan

Il y a beaucoup de manières d’aimer et de parler de la montagne.

Claude Kogan, surnommée «la femme la plus haute du monde», disparue en 1959 dans l’Himalaya, fut une pionnière de cette approche de la montagne, en opposition à tous ceux qui, dans la France de l’après-guerre encore traumatisée par la défaite de 1940, défiaient les 8 000 avec en tête la devise du Club alpin : «Pour la patrie, par la montagne».

C’est une histoire extraordinaire que celle de cette petite bonne femme d’à peine 1,50 m, destinée à devenir couturière, et qui, au hasard d’une randonnée, découvre au pied d’une falaise sur la Meuse la passion de sa vie. Elle n’épousera pas «le fils des patrons de maman». Elle sera alpiniste.

La guerre et l’Occupation n’y changent rien. Elle franchit clandestinement la ligne de démarcation, gagne Nice, recommence à grimper et y rencontre l’amour, Georges Kogan, juif d’origine russe et exilé charmeur. Mais les nuages s’accumulent. Pendant la guerre, ils se cachent dans une masure dans le massif de l’Oisans, non loin du glacier Noir.

Après les Alpes, ce sera les Andes, puis l’Himalaya. Lui écrit, publie les récits. Claude l’épaule. Puis, après sa mort brusque, foudroyé à 34 ans par une hémorragie intestinale, elle reprend le flambeau.

La première ascension «d’après» sera le Salcantay dans les Andes et, dans la neige du sommet, elle enfouit une photo de «lui». Elle enchaîne les grandes escalades et devient un symbole, femme alpiniste de haut vol dans un milieu franchement machiste, mais qui n’a pas abdiqué sa féminité. Le magazine Elle, celui de la grande époque, adore et publie sa saga.

Elle fait partie d’une expédition en 1954 qui tente l’ascension du Cho Oyu dans l’Himalaya. Le groupe d’alpinistes mené entre autres par Raymond Lambert n’arrive pas au sommet.

Pierre DESGRAUPES s’entretient avec Jeanne FRANCO, alpiniste, qui raconte et commente les images de l’expédition à laquelle elle participait à l’automne 1959 aux côtés de 11 autres femmes parties à l’assaut du Cho Oyu dans l’Himalaya. Cette ascension était dirigée par Claude KOGAN qui y trouva la mort tout comme Claudine VAN DER STRAETEN.

Elle meurt le 2 octobre 1959 sur le Cho Oyu à 40 ans ensevelie par une avalanche dans sa tente à 7 000 m d’altitude lors d’une expédition internationale entièrement composée de femmes. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Extraits de Libération : par Marc Semo

Première de Cordée